Wilhelm von Humboldt an Godert Baron van der Capellen, vermutlich Juli/August 1831

|119r| Mr. van de Capellen.

Monsieur le Baron,

Le conseil de mon médecin m’ayant engagé à me rendre ici pour faire usage des bains de mer de cette petite isle, j’ai été assez heureux pour recevoir encore la veille de mon départ la lettre de Votre Excellence du 19. Juin avec l’ouvrage interessant qu’Elle a eû la bonté de m’envoyer. J’avois reçu quelque temps auparavant celle du 1. Juin accompagnée de la réponse de Mr. Roorda d’Eysinga, et je ne saurois Vous exprimer Mr. <exprimer à VE.> combien je suis sensible à l’intérêt bienveillant que Vous designez <qu’Elle designe> vouer à mes études. L’ouvrage de Mr. Gericke Gericke m’a été infiniment utile, il donne une idée claire et précise de la langue Javanoise, et j’ai déjà lû et relû ici sa Grammaire. Je n’attends néanmoins pas avec moins d’impatience les éclaircissemens que Mr. Roorda me promet. Je prends même la liberté de joindre à ces lignes une lettre dans laquelle je lui adresse de nouvelles questions. VE. voit <Vous voyez> par là <Mr. le Baron,> que c’est moi qui aurai besoin de son indulgence; quoique la langue Françoise ne lui soit peut-être pas très-familière, je continue ma correspondance dans cette langue, et ne lui propose pas d’écrire en Latin, ce qui lui s puisqu’il s’explique avec une clarté parfaite aussi en François sur tout ce qui est scientifique. Je dévrai ainsi à l’extrême bienveillance de VE. de pouvoir résoudre des problêmes sur lesquels mes prédécesseurs dans cette carrière ne pouvoient donner que des éclaircissemens imparfaits, puisqu’ils manquoient des matériaux nécessaires. J’ai ** eû la satisfaction de voir que mes conjectures sur la langue Javanoise confirmées par la Grammaire de Mr. Gericke. Mr. Roorda a bien voulû me promettre de m’envoyer quelques uns de ces ouvrages, ainsi que des notices manuscrites. J’ai pris la liberté de l’engager à addresser ces envois à VE. Si cependant Elle trouvoit la moindre difficulté à me les faire passer à Berlin, Mr. le Comte de Waldburg Truchseß[a] s’en chargeroit certainement avec plaisir. Ce n’est au reste que la crainte d’adresser des bontés de VE. qui fait que j’ose Lui proposer cette voye.

La situation des affaires politiques est toujours également |119v| affligeante, et la Cholera qui s’approche toujours davantage, menace d’*aj aggraver encore les maux qui attristent une partie de l’Europe. Je crains que la tranquillité générale ne se rétablira qu’après des secousses bien violentes dont à mon âge je ne me flatte gueres de voir la fin.

Veuillez, Monsieur le Baron, agréer l’assurance renouvellée de la considération très-distinguée avec laquelle j’ai l’honneur d’être,

Mr. le Baron,
de VE.

Fußnoten

    1. a |Editor| Graf Friedrich Ludwig von Waldburg-Truchsess (1776–1844), preußischer Diplomat; 1815 Gesandter in Turin, 1827 Gesandter in Den Haag, 1832–1844 wiederum Gesandter in Turin; siehe Johann Caspar Struckmann (2003): Preußische Diplomaten im 19. Jahrhundert. Biographien und Stellenbesetzungen der Auslandsposten 1815–1870, Berlin: trafo Verlag, S. 251f. [FZ]