Wilhelm von Humboldt an Philippus Pieter Roorda van Eysinga, 02.04.1831

|4r| Monsieur,[a]

Je viens d’apprendre par S. E. Mr. Le Baron de Capellen que Vous avez préparé des travaux sur la langue Javanoise que Vous Vous proposez de faire paroître sous peu. Je ne saurois Vous exprimer, Monsieur, avec quelle impatience j’en attends la publication, et je Vous prie instamment de la hâter autant que les circonstances le permettront. La langue Javanoise est une des plus remarquables parmi les langues Malaies, et Vous ne savez que trop, Monsieur, que nous manquons encore entièrement des recherches nécessaires à son égard, même des secours le plus indispensables pour l’étudier. Au moins n’ai-je pu trouver jusqu’ici aucune Grammaire Javanoise, même imparfaite. S’il en existe une, je Vous prie bien de me l’indiquer.

Vous sentez par-là, Monsieur, combien ma connoissance du Javanais doit être imparfaite. Je ne puis savoir de cette langue que quelques mots tirés des |4v| Vocabulaires de Raffles et Crawfurd[b], et dois me borner au reste à ce que me fournit l’analogie d’autres langues Malaies mieux cultivées. C’est par cette raison que je dois Vous avouer franchement, Monsieur, que je ne puis pour le moment retirer aucun profit du petit écrit Javanois que Vous avez eu la bonté de me transmettre. Je Vous en suis infiniment obligé, il sera une source d’instruction pour moi dans la suite; mais c’est par Vos lumières que je devrai premièrement être éclairé sur plusieurs difficultés dont il me seroit à présent impossible de me tirer. Je vous remercie en particulier beaucoup d’y avoir ajouté le titre en Malay en lettres Arabes. J’ai placé à la fin des questions ci-jointes la traduction littérale de ce titre. Vous jugerez par-là, en combien j’ai réussi à le déchiffrer.

Mr. Le Baron de Capellen m’a témoigné que Vous me permettiez, Monsieur, de Vous adresser quel-|5r|ques questions sur la langue Javanoise, et les feuilles ci-annexées Vous prouveront que j’ai pris la liberté de profiter bien amplement de cette permission. Mes questions regardent des points de grammaire, des conjectures que j’ai formées et que je voudrois voir ou confirmées ou rectifiées par Vous, Monsieur. Veuillez me permettre d’ajouter ici quelques mots sur le but et la nature de mes travaux sur les langues Malaies en général.

Il n’a jamais été mon intention d’étudier la Littérature Malaie et Javanoise, et ce n’est pas là ce qui a dirigé mon attention sur ces idiômes. Mais les langues des peuples de la race Malaie m’ont paru un chaînon nécessaire dans l’histoire générale des langues à laquelle je me livre depuis un grand nombre d’années. C’est sous ce point de vue que j’en ai fait un objet de mes recherches, et comme je me suis convaincu que pour comparer les langues et pour se former une idée juste de leur nature, il ne suffit aucunement, |5v| ainsi qu’on a coutume de le faire à présent, d’en comparer les mots, mais qu’il est de toute nécessité d’entrer dans leur structure grammaticale, j’ai dirigé mes recherches surtout sur le rapport mutuel des formes grammaticales des langues Malaies. Vous voyez par-là, Monsieur, qu’aucun point grammatical ne sauroit être assez minutieux pour qu’il ne soit d’un grand intérêt pour moi de le voir discuté à fond, mais que je n’ai pas eu l’intention d’acquérir la routine nécessaire pour lire des livres Malais ou Javanois. Je ne me livre à cet exercice qu’en autant que les recherches grammaticales l’exigent. J’ai le bonheur de posséder des matériaux précieux pour l’étude de quelques unes des langues des îles de la Mer du Sud (que je regarde cependant, de la Nouvelle Sélande jusqu’à l’île de Pâques, seulement jusqu’à un certain point comme des langues Malaies), de la langue Tagale et de la langue de Madagascar. J’ai pu former de cette dernière langue par l’analyse[c] |Coll. ling. fol. 53, 207v| de Dictionnaires qui se trouvent à la Bibliothèque Royale de Paris et par des versions de plusieurs morceaux livres du Nouveau Testament une grammaire beaucoup plus |208r| complette qu’on n’en possède aprésent, et une correspondance entamée avec un Missionaire Anglois sur l’île même me promet des éclaircissemens plus précieux encore. Je connois naturellement le Malay proprement dit par les ouvrages de Marsden. Marsden. Mais <je me suis moins occupé de cette langue que des autres dialectes, puisque sa grammaire de extrêmement simple n’offre guere un grand intérêt.> je |sic| serois fort aux regrets, si le Javanois en manquoit, et c’est de Vous seul, Mr. dont je puis attendre du secours à cet égard. Vous jugerez par là, Mr. de quel prix seront pour moi toutes les communications que Vous voudrez bien et qui pourront me faire connoître la structure et les formes grammaticales de cette langue… Le travail sur les langues de souche Malaie en général dont je parle ici, est déjà très-avancé, mais il me faudra pour le terminer, ** encore une année à peu près.

Il a donné lieu à un autre sur la langue Kawi, beaucoup plus exacte et dont l’impression qui pourra commencer à être imprimé presqu’aussitôt que j’aurai obtenû par Vos bontés les éclaircissemens qui me manquent encore. La langue p** Kavi est en grande partie composée de mots Sanskrits |sic|, mais une autre partie des mots, et les formes grammaticales appartiennent à une autre langue qui est visiblement une langue Malaie. Je ne doute aucunement que cette autre langue ne soit la langue Javanoise, mais il me m manque cependant pour avancer cette assertion <d’une manière positive>  un <le> témoignage matériel de d’une personne réellement versée versée dans le Javanois. Sans ce témoignage là on reste toujours incertain, si la langue Kavi n’auroit pas été formée peut-être dans quelqu’autre partie de l’Archipel Indien, et importée en entier à Java. Ce que je desire donc surtout d’apprendre par Vous, Mr. c’est si, en sachant le Javanois actuel, on comprend tout de suite la partie non-Sanscrite d’un morceau écrit en Kavi? et si dans le cas contraire Vous croyez que la raison en soit, que le Javanois, faisant partie du Kavi, est tombé en désuétude désuetude, ou si Vous ne le reconnoissez pas du tout pour Ja-|208v|vanois? C’est de cette décision que tout raisonnement sur la langue Kavi dépend n’ nécessairement. J’ai fait copier quelques stances en Kavi de Raffles.[d] Si Vous aviez son ouvrage sous les mains, Vous en jugeriez plus positivement encore. Mais je suppose presque que le Kavi ait déjà fait partie de Vos études Javanoises. Je Vous demande aussi bien pardon d’ si peut-être je n’avois pas eû besoin de Vous indiquer les mots Sanscrits. Mais je ne savois pas, si cette langue Vous * étoit familière. Ce qui est assez curieux et ce qui ne semble pas avoir été observé jusqu’ici, c’est que l’insertion des mots de la syllabe in se pratique aussi aux mots Sanscrits; si *  s-in-abda, p p-in-et sont les mots Sanscrits sabda , pat .

Si Vous citez dans la réponse, que Vous voudrez bien me faire, des mots Javanois, je Vous prie, Mr. de les écrire en lettres Françoises. Je ne connois l’écriture Javanoise que par les Alphabets donnés par Raffles et Crawfurd (qui ne sont pas exents d’erreurs) et par un fac-similesimile de peu de lignes d’un des Manuscrits de Raffles. Vous m’obligeriez cependant, si dans les cas où l’Alphabet Javanois a deux signes par un des nôtres (comme p. e. à l’é, d, t) Vous vouliez mettre le mot écrit en Javanois entre parenthèse à côté de l’écriture Françoise.

<Je désirerois savoir, s’il existe une traduction Javanoise de la bible ou du moins de quelques livres de l’Ecriture sainte du Nouveau Testament. Je tâcherois dans ce cas de me la procurer.>

Vous me trouverez peut-être bien indiscret de former tant de demandes. Il faut cependant que Vous [m’accordiez de] <m’accordiez la> permi que Vous m’accordiez la permission d’y en ajouter encore une dernière, c’est-à-dire celle de faire mention de Vos savans travaux dans mon ouvrage, de Vous exprimer publiquement ma reconnoissance et d’indiquer ce que je devrai à Vos communications bienveillantes.

J’attends avec impatience Votre réponse, Mr. et Vous prie d’agréer l’assurance de mes sentimens très-distingués.

|Coll. ling. quart. 75, Bl. 6r, Brata Yudha in javanischer Schrift (Aksara Jawa); die Seite ist auf dem Kopf stehend eingebunden.|[e]

|6v vacat|

|7r| 1.

Je prends la liberté de Vous envoyer, Monsieur, quelques stances du poème Kavi appelé Brata yadha <yudha>, avec la traduction Angloise telle que Raffles la donne. J’ai souligné les mots Sanscrits qui s’y trouvent, mais Vous verrez que ces mots sont souvent liés à des syllabes grammaticales Javanoises. Je regarde p. e. ka dans le mot kamanusan comme la syllabe qui dans les langues Malaies forme des Substantifs abstraits. La terminaison du mot duijeng’ga doit être également Javanoise, le mot Sanscrit etait simplement duija. En pasabda le pa me semble être la syllabe qui répond au ma verbal et qui change l’Actif en Passif ou le verbe en nom subst. ou adject. C’est de ces syllabes et formes, ainsi que des mots purement Javanois, que je désirerois d’obtenir de Vos bontés une analyse exacte et détaillée. Je pourrois juger par-là, en combien le Javanois du Brata yudha est conforme au Javanois d’aujourd'hui.

2.

En analysant les mots du Brata yudha et de quelques chansons Javanoises j’en ai trouvé où la syllabe in semble être insérée entre la consonne initiale et la voyelle qui la suit immédiatement. La langue Tagale que Vous comptez certainement aussi au nombre des langues Malaies, emploie ce moyen pour changer, le verbe en nom, ou comme l’expliquent les Grammairiens Espagnols de cette langue, pour en former le passif. |7v| La langue Javanoise me semble adopter la même méthode. Les mots qui m’ont fait concevoir cette idée, sont, pour n’en citer que quelques exemples, les suivans:

tulis, écrire, peindre, t-in-ulis, peinture, portrait (Raffles hist. of Java I. 407.)

tulung, aider, secourir, t-in-ulung, secours (Raffles I. 444.)

Je trouve de même dulur, dinolur, tut, tinut et bien d’autres exemples.

Mais ce qui me frappe beaucoup, c’est que des substantifs sont traités de la même manière. Dans le vers suivant qui est pris d’un poème écrit en langue Kavi, le mot connu pandita est changé en p-in-andita.

Raffles. I. 399.

Yen ring Madiani kang pinandita mochap tetoah pa desa prien,

Traduction de Raffles.

A Pandita must at all times and on all occasions act up to his doctrines.

Je reconnois ici pour mots Sanscrits diani, méditation, pandita, tetoah pa desa qui devroit faire un seul mot, en Sanscrit: tatvopadesa, instruction de la vérité; prien pourroit être priyam, chéri. Mochap, que dans d’autres passages je trouve écrit muchapi, a passé également dans la langue Malaie, mais il peut venir du mot Sanscrit vachas, parole, discours. Quelle est la signification de la syllabe ma dans madiani et du p fi-|8r|nal de mochap? Ma indique ordinairement les Adjectifs dans les langues Malaies, ou signifie qu’on est pourvu d’une chose, p. e. ma-gada, armé de massues (gada est un mot Sanscrit).

Je Vous prie de me faire savoir:

a, si mon opinion sur l’identité de tut, tinut, tulis, tinulis, cet. est fondée ou non? et si ces formes grammaticales appartiennent au Javanois actuel ou à un dialecte plus ancien?

b, quelle est proprement la signification et le but de cette insertion de l’in? et quelles en sont les règles? Comment la place-t-on p.e. aux mots qui commencent par une voyelle?

c, quelles sont les différentés différentes méthodes dont le Javanois se sert pour former le passif?

d) la langue Tagale forme trois Passifs par les syllabes in, i et an. Ces deux dernières syllabes servent-elles au même usage dans la langue Javanoise?

3.

Je trouve des mots dont la première consonne est suivie de la syllabe um, et je soupçonne que cette syllabe est insérée et qu’il faut l’ôter pour avoir la forme originaire du mot.

Exemples:

Tūrun veut dire descendre en Malay, t-um-urun en Javanois. Le mot Javanois mudun me semble être une contraction de tumurun; car le d est employé souvent à la |8v| place du r. L’expression Malaie tūrun-tamurun me semble renfermer le deux formes malgré le changement de la voyelle.

tanggal et t-um-anggal se trouvent employés là où il est question de la nouvelle lune.

geder signifie dans le dialecte de Madura trembler, l’expression Javanoise est g-um-eter.

layang, battre des ailes, s’agiter (en Anglois to flutter) l-um-ayu, courir.

tiba, tomber, t-um-iba.

ton et t-um-on expriment l’idée de la vue. Le Vocabulaire de Raffles donne katon, to perceive. J’ai cru que la syllabe initiale ka s’employoit seulement aux substantifs.

Les mots Malais lata, petit, menu, et lumat, poudre, poussière, me semblent venir l’un de l’autre. Je ne sais, si je dois traduire les mots lumad ati Kesawa le coeur de Kesawa (devient <devint>) petit, foible, ou bien devint poussière.

L-um-iati en Kavi me semble venir de līat, voir.

Je désirerois savoir quelles sont Vos observations, Monsieur, sur cette particularité. En Tagal l’insertion de cet um forme une des différentes conjugaisons du Verbe. Est-ce le même cas en Javanois? ou la langue a-t-elle seulement adopté ces formes en um, sans y reconnoître des dérivés de formes plus simples. Voilà ce que je trouve dans l’île de Madagascar, t-oum-angue y est pleurer ainsi que tāngis en malay. Avez-|9r|Vous observé, Monsieur, que la syllabe um modifie en Javanois le sens du mot simple d’une autre manière?

4.

Vous rendriez un grand service à mes études; Monsieur, si Vous vouliez bien m’envoyer un exposé bien précis des différens pronoms Javanois.

Je suppose que kita veut dire aussi en Javanois nous, en réunissant dans cette acception la personne à qui l’on parle à celle qui parle. Mais il est singulier que dans le poème en langue Kavi que Raffles nous donne, kita est employé pour exprimer toi, tu.[f] Trouvez-Vous quelque donnée dans la langue Javanoise qui puisse servir à expliquer cette singularité?

Cette même 2. personne du singulier du pronom personnel est très-souvent aussi désignée par ta, et j’ai lieu de croire que ce ta[g] n’est pas une corruption du pronom Sanscrit twam. Ne seroit-ce pas la même syllabe qui termine ki-ta? Le ki ne me paroît pas appartenir à la véritable tige pronominale. Je le trouve dans plusieurs mots comme syllabe initiale; kitan, qui me semble être non, ne pas, kinon cet. Le vers suivant me paroît fort instructif pour les pronoms de la langue Kavi, mais je ne le comprends pas suffisamment. Vous m’obligeriez beaucoup, si Vous vouliez m’en donner une traduction littérale et une analyse des mots Javanois qui le composent.

|9v| Raffles Vol. 2. p. 461.[h]

Wanten to[i] wekase tangis kwa mene kite suma’ora ayo’a ta minge

Traduction de Raffles.

shall I weep, or what is it thou wouldst have me do? Speak and tell me, instead of preserving this unmeaning smile.

Le seul mot Sanscrit dans ce vers est kwa, , en quel endroit. Mene pourroit cependant en être un, manas, ame, esprit.

5.

Je trouve souvent à la fin des mots Kavis un ng qui ne me paroît pas appartenir au mot même; il m’a même semblé indiquer quelquefois que le mot terminé ainsi est régi comme génitif par le mot qu’il précède. La langue Tagale place dans différentes occasions entre deux mots des lettres nasales qui ne font partie d’aucun de ces deux mots, mais qui servent uniquement à les lier ensemble dans la phrase énoncée. Y auroit-il quelque chose de semblable dans la langue Javanoise, ou quelle est la nature de cet ng final?

6.

J’ai parlé ci-dessus de mochap, muchapi, mais je trouve aussi nuchap, et également d’autres mots ayant tantôt un m, tantôt un n initial. Je crois pouvoir supposer que le n dans ce cas indique le Prétérit.

|10r| 7.

Les mots qui m’embarrassent surtout, sont les petits mots, tels que sang, nang, kang, yang ( sang yang joints ensemble sont souvent placés devant les noms propres), ing, hing, ning, ring, ri, rika, sira, nira cet. sang me semble le même mot que sa en Malay, un; mais il sert en Kavi d’article défini. nang, ning, nira me paroissent des génitifs et quelquefois des accusatifs de sang, ing et sira. J’ai pris sira pour un des pronoms de la 3. personne, il, eux; mais Crawfurd (hist. of the Indian Archipelago Vol. 2. p. 187.) le donne comme pronom de la 2. personne.

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Traduction du titre du petit écrit Javanois que Mr. Roosda |sic| a bien voulu m’offrir.

Sūrat īni de baper sambhakan kapada tūan Humboldt
Ecrit ce sur prière, culte divin à (pour) Monsieur H.

Baron dān mantrī kapada padūka
B. et Conseiller pour chéri, mais titre usuel de Souverains

sri mahā rāja benūa Prusia .... .... tammat.
(titre) grand Roi (du) païs P. fin.

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|10v, 11r vacat|

|Auszug aus Raffles (1817), Vol I, S. 493–496:|
|11v| 115. Samang kana pareng mijil sakari kang tegal paprangan
Mangula’ana ngawuriakan kuta watek naropé Astina
Tekéng pag’laran pada s’ranga nulup sungo jerah pareng
Ya étuni girang nikang bala kabè pada ge’a pranga

116. Tu’en pada t’las makarya bisuwéng tegal paprangan
Rawan ngarane kang tawur
  nereparti <nerepati>  Pandawa morwane
Kunang tawuri sang nerepéng Kuru yakare lut Brahmana
Rikan sira sinapa sang du’ija segotra mati’a laga

117. Ri mangkana nikanda tochapa tasang watek Pandawa
T’las metu sakeng dalam kuta samipaneng panchaka
Lumampa angawétan angarepaken g’lar korawa
Pada pranga ngawuh mangunda winawanya kapwa ngadeg

|12r| 115. Then altogether the set out for the field of battle,
Moving towards the west, and leaving their strong hold and the king of Astína behind.
Arrived on the hostile plain, loud resounded the conchs;
While the warriors, animated by the sound, testify by their actions and gestures their impatience to engage in the fight.

116. At the same time they are formed in battle array on the hostile plain.
Ráwan was the name of the order which was first founded by the king of the Pandáwa:
That of king of the Kúru was according to the wish of the Bramána,
Who with all their relations swore they would conquer or die in the battle.

117. And now let us proceed to speak of the Pandáwa.
Having come out from their strong hold and arrived at the field of battle,
They advance eastward, towards the formed bodies of the Kuráwa:
Both sides shout and brandish their weapons in front of each other.

|12v| 118. Rikan pada gamosanane sawateknia sawang pareng
Sinangwo’a sinilan
  dalam kuta samipaneng panchaka <|Humboldt| risan mokane sang prawireng rana>
|Buschmann|  Ritan anane ngapranga mawa meredang’ga tung’gul kunang
Lawan gatine kang katon mawusana regep sanjata

119. Risampunera mangkanan dana pareng mase sehasa
Umong swarane kang gaja kuda lawan gaber mwang surak
Samantara ngati gurniteng Langita monto’ane dikvidik
Gumetere lema nikang rana saba ketugnia selur

120. Sireng Prawara Bisma sigra mag’lar ukir sagara
Watek ratu anéng gaja-swa
  balamuka ngalun tuanut musuh <karangenya durga ruhur>
Pama gunong nganeng balamuka ngalun tuanut musuh
Ya bano’ani kagunturang gulunganeng sela merwata

|13r| 118. Loud and confused were the mingled sounds of the armies.
The stoutest and bravest seemed to have been placed in front:
The only persons who did not engage in the fight were the musicians and standard-bearers.
Those in front were seen prancing and nimbly moving about with their brandished weapons.

119. Quickly the contending armies mutually and fearlessly rush upon each other,
Amid the roar of elephants, te |sic| neighing of steeds, the beating of drums, and the shouts of the troops,
Till the whole air and sky is filled with the jarring sounds,
And the earth is shaken with the tumultuous din of war.

120. Prawára Bísma then formed his troops into the resemblance of the sea and mountains:
While the princes and chiefs of Astína seemed like towering and immoveable rocks;
The warriors in front dashing upon the enemy like the waves of the sea,
And like the ocean bearing down before them stones as large as mountains.

|13v| 121. Kuneng Prawara Pandawa g’lari bajara tiksna lungit
Dananjaya lawan Werakodara tumot S’ikandi arep
Wirata suta Satiaki Drupada sunu waktré wuri
Yudistira lawan watek ratu kabé manganténg tenga

122. Mulat mara sang Arjuna s’mu kamanusan kas’repan
Ri tingka’i mosu neran pada kadang taya wang waneh
’Ana wang anakeng yaya mwang ibu l’en uwa go paman
Makadi Krepa Salea Bisma sera sang Duijeng’ga Guru

123. Ya karananeran pasabda ri nararya Kresna teher
Aminta wurunga laga pana welas tumon Kurawa
Kuneng sira Fanardana sekang’a kon sarosa pranga
’Apan ilailang kasinatria surut yaning paprangan
.

|14r| 121. Prawára,[j] Pandáwa, formed the order of bajára tíksna lúngit.[k]
Dananjáya[l] and Werkodára[m] were there with Sikándi[n] in front;
Wiráta’s[o] son, Satiáki, and the son[p] of Drupáda, were in the rear,
Yudestíra with all the princes being in the centre.

122. The mind of Arjúna, when he viewed the enemy, was divided between joy and sorrow, and he was moved by love and pity towards them;
For they were chiefly composed of his own kindred.
Some of them were the sons of his father and mother: the younger and elder brother of his father were also there;
As also the Gúrus,[q] Krépa, Sálea, Bísma, and Duijéng’ga.

123. Therefore quickly addressing Narária Krésna,
He intreated that the battle might not take place, being afflicted at the sight of the Kuráwa.
But Fanardána compelled him to command that the fight should begin,
It being dishonourable for men to hold back at the hour of battle.

|14v| 124. Katon pwa sira Derma-putra mangenes rika tan tumut
Mare sira sang Arja Bisma Kropa Saléa len sang Duija
Masocha ri sukunera menabiwada dé sang prabu
’Apan purihi nganglawan Guru mapur’wa pujan arep

125. Kunang sa’uri sang kinarya pinaka gra chudamane
Bapangku laki ayo’a sang saya uripku ta lap huwus
Kita naku jayéng ranang’gana teher madre wi’a pura
Sirang Nerepati Kresna saksi’a yadi’an merosa ringwuwus

126. Ri sampunera mangkana dan nomalia maréng paprangan
Kasana krama numung’ga ing rata pada regep sanjata
Sahasa manulup risangka nera so’angan nya’umung
Pareng mo’ang ngonening gubar saragi koté kotia nguwuh

|15r| 124. Then was seen Dérma-pútra stealing away
Towards Aria, Bísma, Krépa, Sálea, and Dúija.
With ardour he kissed and clung to their feet;
For it was customary, with Gúrus, to make obeisance to them before the battle.

125. Then spoke those who were thus made a brilliant object of adoration and respect:
"Our noble child, suffer no uneasiness of mind, for you have already deprived us of life.
"Child of ourselves, may you be successful in battle and soon obtain possession of the country.
"And may Narapáti Krésna witness the truth of our words.“

126. This done, he forthwith returned to his own side;
Quickly ascending his chariot and laying hold of his weapons,
While each sounded his conch;
And various were the sounds of the kéndang and its accompaniments.

|15v = Anmerkungen|

Explication des mots Sanscrits.

St. 115. v. 1. pareng, la signification semble être divers. Le mot peut être Sanscrit.
sakari, ne paroît pas Sanscrit; ri peut-être n’y appartient pas, je trouve aussi sakeng
2. kuta, forteresse.
narope, souverain.
3. sungo, pourroit être Sanscrit, corne servant de trompette.
|16r| 4. bala, armée.
116. v. 1. ma- karya, faire, former.
2. nerepati, souverain.
morwane, pourroit être Sanscrit.
3. nerepeng, souverain.
4. s-in-apa, maudire, jurer.
du’ija, Brahmane.
sagotra, avec leur race.
laga, vaincre, victoire.
117. v. 2. samipa, près.
panchaka, champ de bataille
4. winawanya, vana, flêche, pourroit se trouver dans ce mot.
118. v. 2. risan mokane-sanmokana paroît un substantif formé du mot Sanscrit sammukha, de front.
prawireng, héros.
rana, guerre, bataille.
3. ritan, à l’exception.
meredang’ga – tambour, en Sanscrit mridanga.
tung’gul, drapeau, est Malay; mais le mot Sanscrit est tunga, haut, élevé, en est l’origine.
|16v| sanjata, armes; mot de l’île de Bali. Raffles II. p. CXI.
119. v. 1. sehasa, tout de suite
2. swarane, son.
gaja, éléphant.
3. gumitang – en Kavi un grand bruit.
120. v. 1. prawara, excellent.
sigra, à l’instant.
sagara, mer.
2. gaja-swa, ce mot semble être gajahwa, un des noms de la ville de Hastinapura.
durga, forteresse.
3. balamuka, le front de l’armée.
4. kagunturangguntur est en Kavi le tonnère.
sela, pierres, rochers.
marwata – dans d’autres passages du poème
parwata, montagnes.
121. v. 1. bajara ne se trouve pas dans les dictionnaires mais, pourroit être un mot Sanscrit,
à la lettre, ce qui sépare, coupe.
tiksna, aigu.
2. suta, fils.
sunu, fils.
|17r|
St. 122. v. 1. ka-manus-an, sentiment d’humanité, compassion.
ka-s’rep-an, mot Kavi d’origine Sanscrit, charité, amour.
123. v. 1. karananeran, cause, raison.
pa-sabda, parole, discours.
nararya, honoré parmi les hommes.
2. laga, voyez st. 116. v. 4. ici: bataille, combat.
3. janardana, désiré par les mortels.
sarosa, en colère.
4. Ka-s-in-atria; Ce mot Sanscrit satria (kchatriya), guerrier, me semble accompagné ici
de la syllabe préfixée ka et de la syllabe in pour former le sens de l’état ou du caractère
par lequel quelqu’un agit en guerrier.
124. v. 3. ma-socha, affligé, le mot Sanscrit avec la marque Malaie de l’Adjectif.
nen-abiwada, saluer avec respect.
prabu, noble, prince.
4. purichi; pura veut dire en Sanscrit jadis, d’ancienne date.
ma-pur’wa, avant, du lieu et du temps.
pujan, honneur, qu’on témoigne à quelqu’un.
|17v|
st. 125. v. 1. k-in-arya, action; avec la syllabe in, fait, formé.
pinaka gra – Je crois qu’il faut écrire ou p-in-ak agra, ou réunir les deux mots:
placé au faite. pak me paroît répondre à l'expression Malaie pākei, employer, mettre.
agra est en Sanscrit le faite, le sommet, la pointe, mais aussi la partie antérieure,
le front d’une chose.
chudamane est le participe du passif de la ravine chud, agiter, susciter, envoyer.
2. sangsaya, doute, crainte.
3. jayeng: jaya, victoire en Sanscrit.
ranang’gana: je trouve rana, ranang, ranang’ga, ranang’gana pour exprimer le simple
idée de guerre, combat. En Sanscrit rana est combat, engana l’action de marcher, de se
mouvoir. anga est aussi une terminaison Sanscrite; il s’agit seulement de savoir, si c’en
est une également en Javanois?
pura, ville, païs, contrée.
4. saksi’a; saksin est en Sanscrit témoin, littéralement (voyant) avec (ses) yeux.
Mais que veut dire l’a final que je trouve à plusieurs verbes?
yadi’an; yadi en Sanscrit si.
|18r| merosa; mersa est en Kavi mensonge, fausseté, merosa paroît le même mot. Je traduis
donc ce vers de la manière suivante: Lui (le) roi des hommes, Krisna rende témoignage
s’ (il y a de la) fausseté dans (nos) paroles.
st. 126. v. 2. krama, le pas, l’action de marcher, monter.
rata, char.
3. sangka, coquille servant de trompette.
4. gubar, tambour en Kavi, probablement le même instrument qu’on nomme kendang
en Javanois.
saragi; on donne le nom de ragin aux différentes modifications des modes de Musique;
sa-ragi veut donc dire: avec ces modifications.
kote kotia peut signifier les accompagnemens, de la racine Sanscrite ghat, réunir, accumuler.

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Vous remarquerez, Monsieur, sans que j’en fasse l’observation, que la séparation des mots est quelquefois très-fautive dans le texte de Raffles.

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Pourriez-Vous, de grace, m’expliquer les mots: risang’a kuda suda chandrama? Ils forment une de ces indications chronologiques dont Raffles parle. Kuda est cheval, suda pur,

|18v| chandrama, lune. Mais risang’a et le sens de l’ensemble?

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Je Vous envoie ci-joint, Monsieur, une copie du facsimile que j’ai reçu de Londres. Permettez que je Vous-adresse encore à cet égard les questions suivantes:

a. Je connois par l’ouvrage de Crawfurd la valeur des signes qui précèdent le premier vers. Mais que veut dire le mot de titisaggyah (si je lis bien) qui se trouve entre le 3. et 4. signe?

b. dans le mot hayania du 1. vers les signes entre le ya et le mot suivant ring ne me sont pas clairs.

c. Je lis le mot du 1. vers (qui est écrit mayoani par Raffles) mayyuni.

d. Dans le 2. vers Raffles a sekar en deux syllabes, je lis skar dans une. Prononce-t-on le mot sans ou avec la voyelle? Le même cas se trouve plus loin dans pjah.

e. v. 2. Raffles a kesa, je lis kesya.

f. le dernier mot du 2. vers est écrit par Raffles ranang’gana, je lis ranaganna, et n’y trouve pas la consonne ng que Raffles désigne par ng?

g. le premier signe du 3. vers ne m’est pas clair. D’après Raffles les deux premiers mots sont urna |19r| ning. Je lis wananning en rendant le chechak par ng.

h. Dans le mot du 3. vers écrit kundani par Raffles (et dans le mot tendasi du 4. vers) le signe placé sous le n ne répond exactement à aucune des lettres données par Raffles. Le second n du mot est redoublé dans le Manuscrit. Puis le Manuscrit a ra qui ne se trouve pas dans Raffles. Le Manuscrit lit donc: nira kundan nira nagara ning.

i. à la fin du 3. vers Raffles a gesang, je lis geseng écrit par deux pápets.

k. à la fin du 4. vers je lis: kapekanirasa nira susramang laga. Le texte de Raffles de tout autres mots.

l. Après le 4. vers vient le signe qui indique une nouvelle Stance. Mais quel est le signe qui commence l’avant-dernière ligne du fac-simile, sous lequel est placé un d?

m. Dans le mot kastawa (st. 2. v. 1.) le t placé au dessous de l’s diffère essentiellement de toutes les formes que Raffles donne à cette lettre.

n. Raffles a (st. 2. v. 1) buana. Je lis buwana.

|19v| o. Le dernier mot du même vers est écrit par Raffles rana. J’y trouve: rangnna.

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Je place ici la copie de ce même passage d’après Raffles.

Sang sura m’ri ayania ring samara mayoani ilang’ani kang  pawrangmuka <parangmuka>

Lila kembang ng’ora sekar tajini kesaning’ari pejah hing ranang’gana

Urna ning ratu mati wija nira kundani nagaraning mosu gesang

Sahitia uti tendasi ripu kapakka nirata sura susrameng laga

Da samangkana kastawa nira tekeng tri Buana winucous jaying rana

kapia sabda Batara etc.

Quelle est la différence des deux d et t de l’Alphabet Javanois?

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Je Vous prie encore, Monsieur, de me donner une traduction et analyse bien exacte du vers suivant:

Ling’ira mapa tahé t’wan ta wéha pura sateng’ah

Traduction de Raffles:

Asked, “ Why should you be afraid to refuse giving up half of the country?

|20r| Je prends mapa comme ayant la même signification que apa, tah pour la particule interrogative. J’ajoute alors un second h, en lisant het’, qui est en Sanscrit, empêcher, résister. Wéha me semble être le bēa, tribut, de la langue Malaie; pura est ville, contrée, sateng’ah est la moitié. Mais qu’est-ce que wan ta? Je prends ta pour le pronom tu.

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|20v vacat|

Fußnoten

    1. a |Editor| Oben am Blattrand von fremder Hand (wohl Roorda): "Répondu le 27 mai 1831."
    2. b |Editor| Das Vokabular von Raffles befindet sich im Appendix des 2. Bandes der History of Java, S. LXXI ff.; mit dem Vokabular Crawfurds ist wohl der 2. Band der History of the Indian Archipelago, S. 120 ff. gemeint. [FZ]
    3. c |Editor| Hier bricht der Text der Briefausfertigung ab; der folgende Text ist aus Humboldts eigenhändigem Entwurf in Krakau (Coll. ling. fol. 53, 207v–208v) übernommen. [FZ]
    4. d |Editor| Damit meint Humboldt das beigelegte (und nun eingebundene) Blatt (s. die Anmerkung unten). [FZ]
    5. e |Editor| Bei dem Blatt handelt es sich um einen durchgepausten Text, dessen Original aus der Hand von Raffles stammt. Die Seite wurde 1838 am Ende des 2. Bandes des Kawi-Werkes (hrsg. v. E. Buschmann) auf Taf. VIII als Nr. IV der Javanischen Textproben abgedruckt. [FZ]
    6. f |Editor| Einfügung von fremder Hand (Roorda?, Lesung teilweise unsicher): "(Zie het Kuwisch werk.) blz. 42. Kito = Siro, by|?|, u."
    7. g |Editor| Einfügung von fremder Hand (Roorda?): "42. K."
    8. h |Editor| Das Versepos Brata Yudha findet sich nicht in Vol. 2, sondern in Vol. 1 von Raffles’  History of Java (1817). [FZ]
    9. i |Editor| Korrekt heißt es hier bei Raffles: "ta" (s. Vol. I, S. 461). [FZ]
    10. j |Editor| Bl. 15v, „Notes“, Nr. 1: "The princes on the side of the Pandawa"
    11. k |Editor| Bl. 15v, „Notes“, Nr. 2: "Or that of a sharp-pointed weapon."
    12. l |Editor| Bl. 15v, „Notes“, Nr. 3: "Arjúna."
    13. m |Editor| Bl. 15v, „Notes“, Nr. 4: "Bima."
    14. n |Editor| Bl. 15v, „Notes“, Nr. 5: "Wife of Arjúna."
    15. o |Editor| Bl. 15v, „Notes“, Nr. 6: "Sita."
    16. p |Editor| Bl. 15v, „Notes“, Nr. 7: "Dresta Drijúmna."
    17. q |Editor| Bl. 15v, „Notes“, Nr. 8: "Religious instructors."