Ithurbide an Wilhelm von Humboldt, 02.06.1801
Bayonne le 2. messidor de l’an 9.Monsieur,
vous ferez plus qu’excuser la lenteur que j’ai mis[a] á vous envoyer les chansons Basquaises[b] que vous desiriez, quand vous sçaurez qu’une reprise de ma fluxion m’a retenû dans mon lit presque tous les jours qui se sont passés depuis vôtre départ d’ici. je vous en envoye quelques unes que j’ai jugé propres á vous donner l’idée que vous cherchez du genie poetique des Basques. j’y ajoute quelques explications nécéssaires pour vous conduire à vôtre but. je n’ai pas cherché dans le choix de ces chansons, ni l’esprit, ni les pointes que quelques autres prèsentent. mais seulement celles qui m’ont parû presenter le plus gènèralement le gout des basques. Ce gout est surtout dans la feïnte|?| de la gaieté que vous remarquerez dans tous ces couplets. vous l’auriez remarqué bien mieux si l’état de ma santé m’avoit permis de vous faire entendre le soir de quelque Dimanche ou fête les conversations de nos Basques de tous les ages autour de la Bouteïlle dans des cabarets. rien n’est saillant comme ces conversations. des impromptus à imprimer y coulent à tout instant. on foit |sic|[c] encore tres bien ce peuple dans les places de Jeux de paulme. autrefois on pouvoit le connaittre dans les Dances publiques, que des Bourreaux de missionaires ont fait abolir á peu prez. Lâ les filles, comme les anciennes Samnites, dansoient publiquement des Dances rondes sous les yeux deleurs peres et meres, deleurs magistrats, deleurs prêtres, et de tous leurs concitoyens, et se retiroient á l’entrée de la nuit. depuis c’est bien autre chose. Les hommes vont s’enivrer et se Battre dans les cabarets, et les filles, privées de tout amusement public, s’amusent dans les Coins à faire des enfans. C’est ainsi que les rèformateurs des moeurs, ont perverti celles de nôtre païs. les prêtres ne vont jamais Droit qu’á un Seul bût, qui est leur interêt.
A Dieu, Monsieur, souvenez vous quelques fois des Braves Basques, et parmi ceux de quelques uns en particulier, entre lesquels je vous prie de me compter. S’il y a des droits de reciprocité, vous me devez cette distinction pour l’estime, et l’attachement qu’un homme comme vous inspire Toujours. je vous prie d’embrasser de ma part l’ami Garat, et de lui faire bien remarquer que j’ai la Bonté de l’apeller L’ami. Sa soeur envoya aprés vous trop tard. elle vouloit vous prier de vous charger pour son frere d’un petit paquet contennant, je crois, un petit cadeau de Linge du païs. je lui procurerai incessamment le moyen de faire cet envoi.
J’ai l’honneur d’être avec autant de dévouement, que de consideration, ce n’est pas pour dire,Votre tres humble et tres obeïssant serviteur,
Dithurbidea.
Fußnoten
- a |Editor| Zu Ithurbide siehe im Tagebuch der baskischen Reise 1801 den Abschnitt zu Bayonne (= GS XV, S. 357–359). Humboldt hielt sich laut Tagebuch auf der Hinreise am 28./29. April und auf der Rückreise am 1./2. Juni 1801 in Bayonne auf (GS XV, S. 356f.). – Der Familienname Ithurbide ist im Baskenland sehr häufig und kommt in verschiedenen Varianten (z.B Iturbide, Dithurbide, d’Ithurbide) vor; eine Identifizierung des Genannten ist bisher nicht gelungen. [FZ]
- b |Editor| Die "Chansons Basquaises" befinden sich heute ebenfalls in der Jagiellonen-Bibliothek, Krakau, unter der Signatur Coll. ling. fol. 74, S. 471–477. [FZ]
- c |Editor| In der Transkription von Bernhard Hurch korrigiert zu "voit". [FZ]