Alexander von Humboldt an Wilhelm von Humboldt, 12.03.1827
Je n’ai que le tems, cher ami, de t’écrire ces lignes par M. Jordis que je n’ai pas besoin de recommender à ta bienveillance toute particulière. Voici enfin les premiers 3 exemplaires que j’ai pu avoir de ton petit ouvrage qui par ton nom, et les extraits donnés dans le Journal asiatique a déjà eu de la célébrité avant de paraître. Tu n’as pas d’idée combien je suis tourmenté ici de procurer tes mémoires académiques sur les langues. On me les demande sans cesse. Fais moi la grâce de m’envoyer les exemplaires qui te restent, surtout du Bhagavat Gita. J’espère que tu seras content de l’impression. Le petit livre a très bonne mine. Je vais commencer la distribution la semaine prochaine, d’après les conseils de Rémusat. Donne moi aussi ta liste pour l’Angleterre. Je t’enverrai à Berlin par roulier une trentaine et plus si tu le veux. Nous disposons de 100 exempl. Je n’ai pas le tems aujourd’hui de remercier Bülow et Kunth pour le joli logement qu’ils m’ont trouvé. J’en suis très content: mais la forteresse appelée Musée n’empêchera-t-elle pas les rayons du Soleil de pénétrer chez moi? Nous avons enterré M. Laplace: c’est une des grandes gloires de moins. La haine politique qu’on lui portait parce qu’il n’avait aucune élévation de caractère et courait toujours au secours du plus fort, a fait moins sentir sa perte ici. C’est une injustice cependant. La nomination de Bülow m’a fait un plaisir très vif: je te prie de l’en féliciter bien affectueusement en mon nom. Malheureusement la séparation de ta pauvre Gabriele est bien triste. On voudrait bien qu’en le menant à Londres tu puisses venir à Paris. Mais d’après ta dernière lettre, cher ami, le voyage même de Bülow en Angleterre me paraît bien réculé. Malzahn croit qu’il doit se hâter pour Vienne. Il n’a personne pour le remplacer provisoirement. Je n’entends rien à tout cela. Je suis dans le ravissement de la santé de la bonne Li. De tout côté on m’écrit que sa convalescence a pris des racines bien sûres. Quel bonheur. Je suis dans les larmes sur un volume (cahier) de la Rel. hist. que je me suis engagé de finir ici. Quelle horreur d’être lié par le tems pour un ouvrage intellectuel. Je dois cependant nécessairement être au commencement de Mai à Berlin. Les noces du Pr. Charles sont-elles fin de Mai? Fais moi la grâce, cher ami, d’envoyer la Statistique des crimes à Albrecht et les Annales à Rose ton voisin.[a] Mille tendres amitiés. Les relieurs (cartonnages) de l’ouvrage d’Egypte m’ont forcé d’envoyer tout cet ouvrage par roulier dans une caisse à part. La Nova Genera plant. est à toi, comment peux-tu croire que nous voudrions cet ouvrage incomplet. Je n’oserais pas même en parler à Kunth. Il est heureux de t’avoir pu offrir ce que d’ailleurs il possédait. J’ai été jusqu’ici bien peu heureux sur l’ouvrage du Général Rühl. Avant que le sort de la librairie n’est pas décidé par le rejet ou la réforme totale de cette abominable loi, les libraires ne veulent rien entreprendre. Je ne perdrai pas cet objet de vue.
A. Humboldt.
Paris ce 12. Mars 1827.
Champollion te présente ces
hommages. Il prétend t’avoir écrit une longue lettre d’Italie (de Livourne?). Ecris moi cher ami, si tu l’as
reçue.[b]
Fußnoten
- a |Editor| Damit ist entweder der Chemiker Heinrich Rose gemeint, der 1827 in der Französischen Str. 51 wohnte, oder wohl wahrscheinlicher dessen Bruder Gustav, der in der Markgrafenstr. 49 lebte, an der Nordostecke des Gendarmenmarktes. Wilhelm von Humboldts Berliner Stadtwohnung befand sich zu der Zeit in der Französischen Str. 42, am Nordende des Gendarmenmarktes. [FZ]
- b |Editor| Dabei wird es sich um den verlorenen Brief Champollions vom 12. Juni 1826 aus Livorno handeln; siehe Messling (2008), S. 315. [FZ]